Connecta: ce qu’il faut attendre des fintech

Au Connecta Berne 2021, qui a eu lieu virtuellement, la numérisation du secteur bancaire et le développement des fintech ont été au centre des discussions. Retour sur les points d’orgue de l’événement.

Ces dernières années, aucun secteur n’a été autant bouleversé par la numérisation que celui de la finance et des banques. Les jeunes entreprises cherchant à révolutionner le monde de la finance grâce à des technologies modernes, ou «fintech», croulent littéralement sous l’argent investi par les sociétés de capital-risque. Dans un tel contexte, quelle est l’évolution actuelle des banques traditionnelles et quels défis doivent-elles relever? Les expert(e)s Connecta ont répondu à ces questions dans des articles de blog et lors d’entretiens sur Connecta TV.

Les banques devraient être à l’écoute de la clientèle

Markus Schwab, CEO de Yuh SA, l’application pour payer, épargner et investir, est bien placé pour savoir ce qui fait le succès d’une fintech. Selon lui, l’application a déjà convaincu 20 000 Suisses. Sans doute parce qu’elle bénéficie de l’appui de deux partenaires de renom, Swissquote et PostFinance. Ce soutien met évidemment la clientèle en confiance.

Comme l’explique Marcus Schwab lors de l’entretien, il existe un fossé énorme entre ce que souhaite la clientèle et ce que proposent de nombreuses banques classiques. Les clientes et clients utilisent énormément leur smartphone, veulent des prix bas et un service disponible à toute heure offrant de préférence toutes les informations en temps réel. C’est exactement là le domaine d’activité où les jeunes pousses excellent. Selon l’évaluation de Marcus Schwab, le marché présente une grande diversité, phénomène tendant à s’accentuer en Suisse, car les prestataires qui visent un groupe cible spécifique se font toujours plus nombreux. L’entreprise Yuh, quant à elle, s’est clairement opposée à ce «banking vertical» et souhaite s’apparenter à un produit grand public. Quelle est la clé du succès, dans un tel cas? «Inspirer la clientèle», répond-il.

Entretien avec Markus Schwab, CEO de Yuh SA (uniquement en allemand)

En Suisse, les innovations se font plutôt à petite échelle

Andreas Dietrich, directeur de l’Institut des services financiers de la Haute école de Lucerne, présente dans son entretien le résultat d’une étude qui porte sur les offres numériques des banques suisses. Fait peu surprenant, les très grandes institutions se classent en tête, disposant il est vrai des ressources humaines et financières nécessaires pour passer plus rapidement au numérique. Selon lui, la Suisse se situe, à l’échelle mondiale, dans le tiers ou le quart supérieur des places financières internationales. Les innovations majeures et les nouvelles technologies sont davantage développées à l’étranger, par exemple en Chine et aux États-Unis, la Suisse étant plutôt connue pour ses innovations à petite échelle. Pour les fintech, Andreas Dietrich voit un potentiel à exploiter et des efforts à consacrer (à l’instar p. ex. de l’Allemagne) dans des domaines comme l’«embedded finance», soit des approches où le banking ou le processus de paiement est intégré à une autre activité et se fait dans l’écosystème d’une autre entreprise. Il en va de même pour l’«open banking», c’est-à-dire l’utilisation créative de données de compte (uniquement, bien sûr, avec le consentement de la clientèle) par le biais d’interfaces définies, et le «banking as a service» (BaaS), qui permet aux entreprises non bancaires de proposer des services bancaires à leur clientèle.

Entretien avec le prof. Dr Andreas Dietrich, Haute école de Lucerne (uniquement en allemand)

Les fintech se muent de plus en plus souvent en partenaires

Sandra Lienhart, membre du comité directeur de PostFinance, partage la même vision. Pour elle, les nouveaux thèmes porteurs sont le vertical banking, mais aussi l’impact investing et, bien sûr, la tendance mondiale du «buy now, pay later», expression qui renvoie à l’achat sur facture ou à crédit. Lors de la conférence-débat (LIEN), elle insiste sur une tendance à la hausse que l’on peut observer et qui annonce une coopération accrue et une concurrence moins féroce entre les banques et les fintech. Les jeunes entreprises cherchent en effet à se rapprocher des banques, car ces dernières possèdent déjà un rayon d’action important. De plus, leurs produits se distinguant par une excellente expérience utilisateur et des fonctions innovantes, elles complètent souvent parfaitement le portefeuille de produits proposé par les banques classiques.

Entretien avec Sandra Lienhart, PostFinance SA (uniquement en allemand)

Le trafic des paiements séduit

Dans son entretien, Bernhard Lachenmeier, à la tête de Shopping & Merchant Solutions chez PostFinance, cite un domaine dans lequel les fintech ont pu croître considérablement, les banques l’ayant trop longtemps négligé. Le trafic des paiements, considéré comme simple bloc de coûts, est passé entre d’autres mains, et pas seulement en Suisse. Pourtant, comme il le souligne, «le trafic des paiements est la nouvelle activité qui séduit». Les succès d’entreprises telles que Klarna et Adyen lui donnent entièrement raison. Cette situation met une fois de plus les banques sous pression, car elles remarquent qu’elles se sont éloignées de la clientèle en délocalisant leurs activités. Le rachat de Concardis par Nets, puis de Nets par Nexi, ou encore l’intégration de l’ancien SIX Payment Services (avec PAYONE) à l’entreprise Wordline créent un vide pour un nouveau prestataire du trafic des paiements en Suisse. On constate certes que certaines banques souhaitent se rapprocher à nouveau des commerçants avec des offres de niche, mais il n’existe actuellement qu’un seul prestataire complet pour le trafic des paiements en Suisse: PostFinance.

Entretien avec Bernhard Lachenmeier, PostFinance SA (uniquement en allemand)

En raison de la situation actuelle, Connecta Berne a de nouveau eu lieu sous forme virtuelle en 2021. La diversité du numérique mise en exergue par Connecta a été relayée par le Connecta Blog, mais aussi à travers les formats Connecta TV et Connecta Talk. En savoir plus sur: www.post.ch/connecta (en anglais).