Un garçon est assis sur un arbre au-dessus du troupeau de moutons
Des baskets durables Interview de Galina Witting, Baabuk
J’ai découvert les baskets en laine de la start-up lausannoise Baabuk pendant le semi-confinement. J’ai été fasciné par le combat de cette start-up locale pour s’établir sur le marché très disputé de la chaussure. C’est pourquoi j’ai eu envie d’interviewer Galina Witting, cofondatrice de Baabuk.
Pouvez-vous nous présenter Baabuk en quelques mots? Quand l’entreprise a-t-elle été fondée, et comment s’est-elle développée depuis?
Baabuk crée et distribue des chaussures et des accessoires en laine. En 2011, mon cofondateur Dan et moi avons reçu une paire de Valenkis, des chaussures traditionnelles sibériennes en feutre. Ébahis par le confort et la chaleur qu’elles prodiguaient, nous avons eu l’idée de fonder Baabuk: nous nous sommes inspirés de cet héritage pour créer des chaussures de même qualité adaptées au mode de vie moderne. Nous avons aujourd’hui un atelier de production au Népal et une collaboration au Portugal, et plusieurs lignes de produits ont été commercialisées.
Les boutiques de chaussures sont nombreuses sur Internet. Comment Baabuk se démarque-t-elle?
Nous sommes une petite entreprise, ce qui fait que notre activité commerciale a des retombées financières sur un petit nombre de personnes. Nous pensons néanmoins que tout ce que nous faisons a un impact sur la société, l’environnement et l’économie. À notre sens, les bonnes actions et la rentabilité ne s’excluent pas mutuellement: nous avons donc décidé très tôt, en créant notre entreprise, de donner la priorité aux humains et à la planète. Cela a commencé par la décision de travailler la laine, et par le type de production et de partenariats que nous avons choisis. Depuis 2017, nous sommes membres de la communauté B-Corp, qui utilise le commerce comme un moteur pour résoudre des problèmes sociaux et écologiques.
Vous êtes actifs sur plusieurs marchés, en Suisse, aux États-Unis et à travers le monde. Les attentes et les exigences de la clientèle diffèrent-elles d’un pays à l’autre? Comment vous organisez-vous en termes de logistique?
Les attentes de la clientèle sont très différentes selon le continent, le pays et le rapport au temps. Pour une petite entreprise comme la nôtre, il est impossible de suivre et de combler toutes ces attentes. Nous avons décidé de miser sur la transparence et sur une communication durable. Quand la barre est trop haute, nous préférons l’accepter et l’expliquer à notre clientèle, en toute honnêteté.
En ce qui concerne la logistique, la majorité de nos livraisons sont expédiées depuis Lausanne. Nous avons entamé un partenariat à long terme avec la Fondation BVA, un organisation qui emploie des personnes souffrant de handicap mental et physique en Suisse. De par leur éthique professionnelle, leur enthousiasme et leur dévotion, les collaboratrices et collaborateurs de BVA sont devenue partie intégrante de la famille Baabuk. Ils enrichissent notre bureau et nos vies par leur personnalité, leur fierté et leur diversité.
Que faites-vous en termes de marketing numérique et/ou physique pour accroître la visibilité de vos boutiques en ligne et attirer davantage de visiteuses et visiteurs?
Depuis le Covid, la concurrence s’est amplifiée, que ce soit en ligne ou hors ligne. Nous devons régulièrement revoir nos outils et nos partenariats. Nous avons par exemple dû interrompre totalement la publicité sur Facebook et miser sur Google, tout en renouvelant notre collaboration avec des agences de presse et de communication.
Nous mesurons nos performances marketing de différentes façons, la plupart s’appuyant soit sur le rendement du capital, les coûts d’acquisition ou de fidélisation, ou la «lifetime value» de nos clientes et clients.
Ces critères de mesure fondamentaux nous donnent un aperçu global de notre environnement − de l’acquisition de nouveaux clients à leur fidélisation à long terme. L’analyse de l’«entonnoir marketing» est indispensable pour générer une croissance constante.
À travers toutes ces phases, nous avons constaté qu’une communication en accord avec nos valeurs était notre plus grand atout. Comme le greenwashing est de plus en plus fréquent dans le marketing, la présentation transparente et authentique de nos forces et de nos faiblesses donne confiance à notre clientèle, ce qui se traduit par une fidélité à long terme.
Quels sont les défis et les projets actuels de l’entreprise?
À la fin de l’année, nous prévoyons de lancer un programme de recyclage et de réparation de produits Baabuk usagés afin de clore le cycle de vie de nos chaussures. Là encore, nous sommes à la recherche de partenaires adaptés et d’une communication appropriée.
Compte tenu de votre vaste expérience, que conseilleriez-vous aux start-up qui lisent cette interview et qui souhaitent faire leur place dans le commerce en ligne d’aujourd’hui?
«Essaye, trompe-toi, essaye encore!» Cette phrase simple contient de nombreux messages forts. Personne ne fera le travail à votre place. Vous seul(e) pouvez faire la différence. Les erreurs sont positives car elles permettent d’apprendre. Courage, votre ténacité portera ses fruits!