Commande de repas sur smartphone

Série de blogs 2e partie Le marché suisse de l’e-food et ses acteurs
Par rapport aux pays européens voisins, le marché suisse de l’e-food présente quelques spécificités en termes de volume de marché et de modèles commerciaux préférentiels. Voilà ce que met en lumière l’article suivant.
Une grande diversité de modèles caractérise l’Europe
En Suisse aussi, il existe déjà un grand nombre de segments et de modèles commerciaux au sein de l’univers e-food actuel, avec lesquels les start-up ainsi que les chaînes multicanal établies opèrent sur le marché. Toutefois, les concepts courants peuvent-ils être transposés intégralement dans le paysage suisse du commerce et des start-up? L’illustration suivante donne une vue d’ensemble sur le vaste champ du commerce en ligne des produits alimentaires, caractérisé par les segments principaux. Il faut toutefois noter que cette délimitation idéale n’est pas toujours très nette dans la pratique des entreprises et qu’il existe également des formes mixtes entre les segments.

L’alliance naissante entre les segments Quick Commerce et Restaurant Delivery est un bon exemple de ce qui peut être observé sur le marché. Par exemple, la marque Foodpanda détenue par Delivery Hero livre des produits alimentaires en plus des commandes de restaurants.
La start-up barcelonaise Glovo emprunte un chemin similaire. En plus de l’assortiment proposé ainsi que de son ampleur et de sa profondeur, les segments et les acteurs du commerce alimentaire en ligne se distinguent par les besoins traités pour le client. Et donc aussi par la rapidité de livraison et le modèle de livraison utilisé. La forme de fulfillment (propres stockages ou Dark Stores vs. Store Picking vs. «asset-light») est un autre critère qui distingue les segments les uns des autres. Une approche asset-light de type plate-forme où le stockage et la préparation des commandes se déroulent dans les magasins de revendeurs partenaires, comme Instacart ou les start-up allemandes Bringman et Bringoo ne se sont pas encore largement imposées dans l’espace germanophone.
E-food en Suisse: vous trouverez ici les principaux types d’exploitation
Les revendeurs multi- et omnicanal sont généralement d’anciens détaillants traditionnels, ayant mis en place un canal en ligne (indépendamment du modèle de picking et de la forme de distribution) pour compléter leurs revenus et ayant ainsi franchi le pas dans l’e-commerce. Tandis que les pure players en ligne utilisent un simple canal avec tous les avantages et les inconvénients que cela comporte, les commerçants stationnaires, en élargissant leurs canaux, peuvent faire bénéficier leur clientèle de stratégies multi- et omnicanal. Et générer ainsi une plus grande valeur ajoutée et fidéliser davantage leur clientèle, en proposant par exemple des produits régionaux. Notons cependant que la plupart des commerçants sont à classer dans le secteur multicanal. À l’heure actuelle, très peu de commerçants disposent d’une combinaison sans faille des canaux du point de vue du client. Dans ce segment, on trouve en Suisse myMigros, Migros Online, Coop.ch ainsi que les boutiques en ligne Aldi Now et Volg.

Le modèle «Farm-to-Plate», ou «De la ferme à l’assiette» est représenté par la start-up suisse Farmy. Quatrième player du commerce alimentaire en ligne suisse, celle-ci se concentre avant tout sur le bio et sur des produits régionaux issus de producteurs suisses.
Le Quick Commerce, à savoir la livraison de produits alimentaires en 60 minutes, reste un épiphénomène en Suisse, sans pertinence notable ni parts de marché. La raison: la part relativement élevée des coûts salariaux par commande à la livraison et les économies d’échelle manquantes sur le dernier kilomètre, généralement à cause des trajets individuels vers le client. Actuellement, le concept est testé par Stash, Avec Now et Hey Migrolino.
FoodNow, la start-up appartenant à Migros, Platzhirsch Just Eat, Uber Eats et des dizaines d’autres acteurs locaux et régionaux évoluent en Suisse dans le secteur «Restaurant Delivery», axant leur activité sur la livraison de plats cuisinés.
La start-up romande Smood présente une spécificité. En plus du Restaurant Delivery, elle propose aussi la livraison d’un assortiment limité de produits alimentaires avec une approche dite «asset light», un peu comme Instacart aux États-Unis. Celui-ci est préparé et livré sur place par les collaborateurs de Smood dans les filiales participantes des coopératives Migros.
Parts de marché: quelle est la taille du marché de l’e-food suisse?
Selon la base de calcul sous-jacente, les données chiffrées sur le marché suisse divergent fortement. D’après l’Association de commerce/GfK/la Poste, le chiffre d’affaires e-food non corrigé s’élevait à environ 1,67 mia. de francs suisses en 2021. Les parts de marché de l’e-food sont évaluées à 3,8% du marché total (en ligne et hors ligne). Toutefois, les données chiffrées indiquent aussi clairement que ce n’est pas très précis et qu’il peut aussi y avoir des chevauchements dans la répartition du chiffre d’affaires.

C’est donc un modèle TAM-SAM-SOM qui est invoqué pour fausser le marché suisse de l’e-food. Il est constitué de trois niveaux: le marché total disponible des produits alimentaires en Suisse (TAM) qui s’élève à environ 30 mia. de francs suisses, le segment de marché théoriquement disponible pour l’e-food via l’ensemble des acteurs (SAM, 1.14 mia. CHF) ainsi que le segment de marché effectivement capturable pour chaque acteur (SOM). Cet article ne se réfère pas à un seul acteur: le SOM des firmes suisses les plus importantes est donc regroupé et s’élevait à environ 663 mio. CHF en 2021. Ainsi, les plus grandes enseignes suisses myMigros, Migros en ligne, Coop, Farmy, Stash, Aldi Now, Smood et Volg détenaient environ 58% du Servicable Available Market.