Explosion de la cybercriminalité

Criminalité économique Explosion de la cybercriminalité

Publié le 02.08.2021 par Dr. Claudia Valérie Brunner, avocate et chargée d’études en criminologie financière au sein de l’Institut des services financiers de Zoug

Si les progrès technologiques modifient de plus en plus notre quotidien, ils contribuent également au développement de la criminalité. En raison du professionnalisme croissant des criminels et du manque de sensibilisation des victimes, la cybercriminalité connaît un véritable boom.

Tandis qu’au siècle dernier, c’était surtout le cas classique de l’escroquerie au placement (en allemand) qui constituait un comportement typique de la criminalité économique, il a été possible de constater que celle-ci investit désormais de plus en plus l’espace numérique. Selon les statistiques criminelles de la police (en allemand), un total de 24 398 délits ayant un lien avec le monde numérique ont été recensés en 2020. 84,2% d’entre eux concernent des actes liés à la criminalité économique. Dans le cas de 16 395 infractions, soit environ deux tiers des délits ayant un lien avec le numérique, il s’agit de cyberfraude, une forme spécifique de criminalité économique. Cela inclut notamment les opérations frauduleuses en rapport avec les boutiques en ligne. Mais d’autres actes liés à la criminalité économique sont également de plus en plus souvent commis sous forme numérique, comme par exemple la corruption de données ou le blanchiment d’argent. À en croire les chiffres, il semble être assez facile de soutirer de l’argent à des personnes dans l’espace numérique. Mais qu’en est-il vraiment?

Il n’est pas rare que les opérations criminelles commises dans l’espace numérique le soient par des groupuscules issus de la criminalité organisée. Ceux-ci ne lésinent ni sur le temps, ni sur les moyens pour préparer et mettre en œuvre de manière très professionnelle le schéma qu’ils ont planifié, par exemple une escroquerie au placement en ligne. En raison de la finesse psychologique qu’ils déploient, de l’utilisation d’outils technologiques ainsi que d’un mode opératoire éminemment flexible, il est de plus en plus difficile pour les victimes potentielles d’identifier à temps les escrocs. Ainsi, une arnaque classique consiste à prétendre que les fluctuations de cours des différentes cryptomonnaies sur de fausses plateformes de négoce s’adaptent en temps réel. En parallèle, les escrocs préparent méticuleusement toutes les informations nécessaires aux investisseurs, tout en les conseillant de manière très détaillée et professionnelle, parvenant ainsi à gagner leur confiance. Dans un moment comme celui-ci, qui pourrait résister à la tentation de faire comme tout le monde et, grâce à un investissement modeste, de récolter une coquette somme? Une fois la première étape franchie, il est souvent facile pour les soi-disant conseillers de pousser les investisseurs à réaliser d’autres placements. Les bénéfices qu’ils leur ont fait miroiter sont souvent faramineux, et semblent d’autant plus alléchants que ces chiffres sont créés de toute pièce à l’aide de faux logiciels. En général, la fraude n’est découverte qu’au moment où le client s’aperçoit que les bénéfices escomptés ne lui ont pas été versés. À ce stade, l’escroc se fait encore plus inventif et tente de rassurer les investisseurs ou de les convaincre de miser davantage. Dans la plupart des cas, le site web disparaît peu de temps après, et la conseillère ou le conseiller ne sont plus joignables. Avec la plateforme de négoce, c’est aussi l’argent de l’investisseur qui se volatilise.

C’est avec ce genre de procédés que les organisations criminelles parviennent très fréquemment à dérober la fortune de particuliers. En raison de cette approche très professionnelle, les victimes potentielles doivent disposer de solides connaissances en la matière et faire preuve d’une grande prudence pour être en mesure d’identifier les brebis galeuses. Toujours est-il que le risque d’être victime de cybercriminalité peut être nettement réduit en effectuant des recherches approfondies sur Internet au sujet du prétendu partenaire commercial. Mais seuls une sensibilisation accrue, des formations ciblées et des sanctions pénales significatives permettront d’endiguer le boom de la cybercriminalité dans son ensemble.

 


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Dr. Claudia Valérie Brunner

L’avocate Dr. Claudia V. Brunner est professeure, responsable de projet et chargée d’études en criminologie financière au sein de l’Institut des services financiers de Zoug de la Haute-École de Lucerne, ainsi que partenaire auprès de l’étude d’avocats Jositsch Brunner.

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