Le coronavirus et le commerce en Suisse

Les gouvernements du monde entier sont contraints de prendre des mesures de plus en plus drastiques pour ralentir la pandémie du coronavirus. Une évolution qui touche également le commerce en Suisse.

L’accent est mis sur l’approvisionnement des magasins

Les supermarchés du monde entier connaissent actuellement une situation similaire avec des clients se tenant devant des étagères vides. Le phénomène des "achats de stockage" pousse les détaillants alimentaires en particulier aux limites de leur capacité. Bien qu'il n'y ait pas de problème d'approvisionnement en marchandises, la logistique et surtout le personnel en magasin n’arrivent pas à faire face à l'augmentation de la demande. De peur de ne plus rien trouver plus tard, les clients qui n'avaient pas forcément prévu d’acheter beaucoup remplissent leurs chariots. Pourtant il n'y a aucun problème d'approvisionnement de la population et donc aucune raison d'acheter de façon frénétique, comme le souligne la Fédération suisse du commerce de détail.

Denner, un des plus grands détaillants de vin du pays, a dû temporairement fermer sa boutique en ligne pour soulager ses centres de distribution. L'accent est mis sur l'approvisionnement des magasins afin d’éviter des rayons vidés de leurs produits.

Boom des commandes alimentaires en ligne et de la fréquentation des magasins de quartier

Le fait de devoir rester à la maison a créé des conditions parfaites pour les services de livraison de nourriture. Des prestataires comme Farmy connaissent une forte augmentation de la demande. Cela pousse aussi les entreprises à leurs limites. Coop@home a publié une page d'information qui donne des renseignements sur la situation actuelle. La société n'est actuellement pas en mesure d'offrir le retrait des commandes en magasin et tente d'augmenter les créneaux de livraison disponibles. Les clients qui ont obtenu une date de livraison ne peuvent plus ensuite modifier leur commande.

Chez LeShop, les personnes intéressées doivent rejoindre une file d'attente virtuelle pour être autorisées à commander en ligne. Ce fournisseur s'efforce également d'augmenter ses capacités de livraison, mais les délais ou les fenêtres de livraison chez les consommateurs s'allongent. Toutefois, il n’est pas sûr que cet intérêt nouveau des consommateurs entraîne un changement durable sur le marché de l'alimentation en ligne.

La fermeture des magasins et le déplacement de la vie professionnelle du bureau à son domicile se font également ressentir auprès du commerce local. Par exemple, les magasins de quartier à Zurich ont constaté une augmentation significative du nombre de clients. Les consommateurs rechignent à passer beaucoup de temps à faire leurs achats et se tournent vers les magasins du coin.

Les commerçants stationnaires devraient ouvrir une boutique en ligne sans tarder

La fermeture des magasins est particulièrement dure pour les commerçants qui ont jusqu'à présent refusé de se lancer dans le commerce en ligne. En Suisse, près de 70 % des détaillants ne proposent toujours pas leurs produits en ligne. L'une des principales raisons de ce refus semble être la croyance qu’il est possible de s’en passer grâce à de bonnes relations avec les clients. Ces relations ne sont à présent tout simplement plus possibles à cause du lock-out. Cela devrait les pousser à y réfléchir sans tarder.

En Allemagne, eBay a actuellement lancé un programme d'aide d'urgence. Pour les prochaines semaines, la plateforme renoncera à sa commission aux commerçants nouvellement enregistrés.

Ricardo propose aux commerces affectés par le lockdown un soutien actif à la mise en place d’une offre en ligne et un avoir de 1’000 francs à faire valoir sur la plateforme.

A Zurich à Berne, de nombreux commerçants ont fait preuve d’inventivité et proposent à présent un service de livraison répertorié via le site web du Tagesanzeiger. Les livres, les fleurs, la nourriture et les boissons, même les partitions de musique, peuvent être désormais livrés au domicile des consommateurs. D'autres essaient de continuer à faire tourner leur commerce avec leurs propres solutions créatives, par exemple en proposant la commande en ligne via Facebook.

Et dans les pays voisins?

Au-delà des frontières nationales, malgré toutes les difficultés actuelles, le commerce trouve des solutions créatives. En Irlande, en Australie et au Royaume-Uni, de plus en plus de détaillants alimentaires réservent une ou deux heures d'ouverture pour les achats des groupes à risque et des personnes âgées. En Autriche, c'est maintenant aussi la recommandation officielle de l'association des commerçants.

En Allemagne, McDonald's et Aldi coopèrent. Comme les restaurants ont dû fermer, les employés de la chaîne de fast food aident maintenant le discounter à remplir ses rayons. 

Partout dans le monde, les fabricants de marques font les titres en convertissant des installations de production ou en fournissant des matières premières pour la fabrication de biens qui manquent cruellement dans la situation actuelle. En France, le fabricant de spiritueux Pernod Ricard a fait un don de stock d'alcool pur afin que le Laboratoire Cooper puisse l'utiliser pour produire des désinfectants.

Il est encore trop tôt pour voir quelles seront les conséquences économiques de la pandémie sur les entreprises. Sans plus attendre, l’Union suisse des arts et métiers (USAM) a néanmoins pris position pour qu’un fonds d'aide soit mis en place selon le principe "les PME d'abord".