La logistique ne va pas de soi

Nous n’avons jamais eu autant conscience de l’importance de la logistique dans notre vie qu’au cours des derniers mois. Le coronavirus a clairement révélé à quel point l’économie est vulnérable lorsque les chaînes d’approvisionnement ne fonctionnent plus.

Cet enseignement n’est pourtant pas si nouveau. Déjà en 2017, on a craint que les commerces aux États-Unis puissent manquer de marchandises pour la période de Noël après que la compagnie maritime coréenne Hanjin a fait faillite et que Maresk a concédé rencontrer des problèmes financiers. En conséquence de quoi, une importante partie des marchandises de la zone asiatique se sont mises à tanguer sur les mers du globe. Personne n’était en mesure d’estimer avec fiabilité si les bateaux atteindraient les ports américains et si les conteneurs seraient déchargés.

Mais il n’est pas nécessaire de regarder aussi loin dans le passé. Déjà quelques jours après l’apparition du coronavirus en Suisse, les services de livraison se sont retrouvés entièrement surchargés et les vendeurs de denrées alimentaires, tels que LeShop ou coop@home, n’étaient plus en mesure de tenir les délais annoncés. Les créneaux de livraisons affichaient complet. Denner a même fermé son Shop des vins, faute de personnel suffisant dans l’intralogistique et la livraison des filiales.

La livraison le jour même, qu’on pensait jusque-là indispensable, n’a eu soudainement plus aucune importance. Les commerçants et les clients étaient déjà heureux lorsque les marchandises commandées étaient livrées aussi rapidement que possible.

Cela a permis de tirer les enseignements suivants:

• Les chaînes d’approvisionnement sont extrêmement fragiles. Si une seule roue de l’engrenage se grippe, c’est la chaîne entière qui en est impactée.
• Il n’est aujourd’hui plus possible d’adapter la logistique à sa guise et encore moins à court terme.
• Les influences extérieures peuvent avoir d’énormes répercussions sur la logistique.
• Dans son plan de crise, une entreprise doit également planifier les interruptions ou les retards dans la livraison et l’expédition.

Ou, comme le formule Gerrit Heinemann de l’Institut du futur de l’université de Niederrhein: «Tout repose sur la logistique. Celui qui est bon dans ce domaine prend la tête.» 

Les défis de la logistique

Alors que les choses reviennent cependant à la normale, la logistique doit faire face à certains défis:

• Rapidité des envois: lors du Singles Day 2019, la première livraison a été distribuée au destinataire douze minutes après la réception de la commande.
• Problématique du trafic: la ville de New York perçoit chaque année 28 millions de dollars d’amendes pour infraction au code de la route causées par des véhicules de distribution et de livraison.
• Développement durable: les quantités de matériaux d’emballage qui finissent à la poubelle sont si importantes que différentes communes en Suisse demandent une indemnisation pour l’élimination du carton.
• Customer Journey: expédier, c’est pratique. Celui qui élabore le mieux son Customer Journey a gagné.
• Création de valeur ajoutée: la logistique n’est pas qu’un service et devrait être considérée comme un secteur d’activité étendu.

Partant de ces enseignements, il est possible de définir les facteurs clés suivants pour la logistique:

1. Le souhait d’avoir une logistique plus rapide et surtout plus confortable va continuer d’augmenter.
2. La préservation des ressources va devenir un préalable dans la logistique.
3. Les tendances essentielles, telles que l’intelligence artificielle, la blockchain et l’Internet des objets, vont s’imposer durablement dans la logistique.
4. Les individus vont demeurer au cœur de la logistique, même si les robots vont redéfinir la structure du personnel dans le secteur.
5. La commodité pour le destinataire et la logistique spécialisée vont de plus en plus devenir synonyme de défi et de facteur de coûts.

Pour l’avenir, cela signifie que:

• La logistique devient de plus en plus un bien rare.
• Ce qui ne coûte rien ne vaut rien.
• Les solutions clients personnalisées vont gagner en importance.
• Les clients vont demander plus fréquemment la traçabilité de la chaîne d’approvisionnement.
• Alors que les clients sont de plus en plus exigeants en matière de développement durable, de nouvelles dispositions réglementaires sont prévues.

Les commerçants et les expéditeurs ont donc tout intérêt à intégrer activement la logistique dans leur planification stratégique.